Intensive glucose control versus conventional glucose control for type 1 diabetes mellitus

Category Systematic review
JournalCochrane Database of Systematic Reviews
Year 2014
CONTEXTE: Les recommandations cliniques diffèrent concernant les cibles glycémiques conseillées pour les patients atteints de diabète de type 1, et des études récentes sur des diabétiques de type 2 suggèrent que l'objectif de valeurs cibles très basses peut augmenter le risque de mortalité. OBJECTIFS: Évaluer les effets des cibles glycémiques intensives versus conventionnelles chez les patients atteints de diabète de type 1 en termes de complications à long terme et déterminer si des valeurs très basses proches de la normoglycémie apportent un bénéfice supplémentaire. STRATÉGIE DE RECHERCHE DOCUMENTAIRE: Une recherche bibliographique systématique a été effectuée dans la Bibliothèque Cochrane ainsi que dans les bases MEDLINE et EMBASE. La dernière recherche a été effectuée en décembre 2012 pour toutes ces bases de données. CRITÈRES DE SÉLECTION: Nous avons inclus tous les essais contrôlés randomisés (ECR) ayant défini différentes cibles glycémiques dans les bras de traitement, portant sur des patients atteints de diabète de type 1 et avec une durée de suivi d'au moins un an. RECUEIL ET ANALYSE DES DONNÉES: Deux auteurs de la revue ont indépendamment extrait les données et évalué le risque de biais des études, les désaccords ayant été résolus par consensus. La qualité globale des études a été évaluée par le système GRADE (Grading of Recommendations Assessment, Development, and Evaluation). Des modèles à effets aléatoires ont été utilisés pour les analyses principales et les résultats sont présentés sous forme de risques relatifs (RR) avec intervalle de confiance (IC) à 95 % pour les résultats dichotomiques. RÉSULTATS PRINCIPAUX: Nous avons identifié 12 essais qui remplissaient les critères d'inclusion, portant sur un total de 2 230 patients. Les populations de patients variaient largement entre les études, avec une étude portant uniquement sur des enfants, une autre sur des patients ayant subi une transplantation rénale, une troisième sur des patients adultes nouvellement diagnostiqués, et plusieurs études où les patients présentaient une rétinopathie ou une microalbuminurie au départ. La durée moyenne de suivi variait entre les études de un à 6,5 ans. La majorité des études ont été effectuées dans les années 1980 et tous les essais étaient réalisés en Europe ou en Amérique du Nord. En raison de la nature de l'intervention, aucune de ces études n'a pu être effectuée à l'aveugle, de sorte que le risque de biais de performance, en particulier pour les critères de jugement subjectifs tels que l'hypoglycémie, était présent dans toutes les études. Cinquante pour cent des études ont été évaluées à risque élevé de biais dans au moins une autre catégorie. Sous contrôle glycémique intensif, le risque de développement de complications microvasculaires a été réduit par rapport à un traitement conventionnel pour a) la rétinopathie : 23/371 (6,2 %) versus 92/397 (23,2 %) ; RR 0,27 (IC à 95 % 0,18 à 0,42) ; P < 0,00001 ; 768 participants ; 2 essais ; preuves de qualité élevée ; b) la néphropathie : 119/732 (16,3 %) versus 211/743 (28,4 %) ; RR 0,56 (IC à 95 % 0,46 à 0,68) ; P < 0,00001 ; 1 475 participants ; 3 essais ; preuves de qualité modérée ; c) la neuropathie : 29/586 (4,9 %) versus 86/617 (13,9 %) ; RR 0,35 (IC à 95 % 0,23 à 0,53) ; P < 0,00001 ; 1 203 participants ; 3 essais ; preuves de qualité élevée. Concernant la progression de ces complications après leur manifestation, l'effet était plus faible (rétinopathie) ou potentiellement inexistant (néphropathie : RR 0,79 (IC à 95 % 0,37 à 1,70) ; P = 0,55 ; 179 participants avec une microalbuminurie ; 3 essais ; preuves de très faible qualité) ; aucune donnée adéquate n'était disponible concernant la progression de la neuropathie. Pour la rétinopathie, un contrôle glycémique intensif réduisait le risque de progression dans les études avec une durée de suivi d'au moins deux ans (85/366 (23,2 %) versus 154/398 (38,7 %) ; RR 0,61 (IC à 95 % 0,49 à 0,76) ; P < 0,0001 ; 764 participants ; 2 essais ; preuves de qualité modérée), tandis que nous avons trouvé des preuves pour une aggravation initiale de la rétinopathie après seulement un an de contrôle glycémique intensif (17/49 (34,7 %) versus 7/47 (14,9 %) ; RR 2,32 (IC à 95 % 1,16 à 4,63) ; P = 0,02 ; 96 participants ; 2 essais ; preuves de faible qualité). Des événements macrovasculaires majeurs (accident vasculaire cérébral et infarctus du myocarde) sont survenus très rarement, et aucune preuve solide n'a pu être établie concernant ces mesures de résultat (preuves de faible qualité). Nous avons constaté qu'un contrôle glycémique intensif augmentait le risque d'hypoglycémie sévère, cependant les résultats étaient hétérogènes et seule l'étude Diabetes Complications Clinical Trial (DCCT) a montré une augmentation nette des épisodes d'hypoglycémie sévère sous traitement intensif. Une analyse en sous-groupes en fonction de l'hémoglobine A1c (HbA1c) des participants au départ des essais (preuves de faible qualité) suggère que le risque d'hypoglycémie est potentiellement augmenté seulement pour les patients commençant avec des valeurs relativement basses d'HbA1c (< 9,0 %). Plusieurs des études incluses ont également montré une prise de poids supérieure sous contrôle glycémique intensif, et le risque d'acidocétose n'était augmenté que dans les études utilisant des pompes à insuline dans le groupe de traitement intensif (preuves de très faible qualité). Dans l'ensemble, la mortalité toutes causes confondues était très faible dans toutes les études (preuves de qualité modérée), sauf dans une étude examinant l'allogreffe rénale en tant que traitement pour la néphropathie diabétique terminale. La qualité de vie liée à la santé n'était rapportée que dans l'essai DCCT, qui ne montrait aucune différence statistiquement significative entre les groupes d'intervention et de comparaison (preuves de qualité modérée). En outre, seul l'essai DCCT a publié des données sur les coûts, indiquant que le traitement de contrôle glycémique intensif était très rentable compte tenu de la réduction des complications potentielles du diabète (preuves de qualité modérée). CONCLUSIONS DES AUTEURS: Un contrôle strict de la glycémie réduit le risque de développer des complications microvasculaires du diabète. Les preuves du bénéfice sont principalement issues d'études chez les patients les plus jeunes au stade précoce de la maladie. Les effets bénéfiques doivent être mis en balance avec les risques, notamment l'hypoglycémie sévère, et l'éducation des patients est un aspect important dans la pratique. Les effets du contrôle glycémique strict semblent s'affaiblir après des complications ont été manifestées. Cependant, des recherches supplémentaires sont nécessaires sur cette question. En outre, il existe un manque de preuves issues d'ECR sur les effets d'un contrôle de la glycémie chez des populations de patients plus âgés ou chez les patients atteints de maladies macrovasculaires. Il n'existe aucune preuve solide pour des cibles glycémiques spécifiques et les objectifs de traitement doivent être individualisés en tenant compte de l'âge, de la progression de la maladie, du risque macrovasculaire, ainsi que le mode de vie du patient et les capacités de prise en charge de la maladie. NOTES DE TRADUCTION: Traduction réalisée par Cochrane France
Epistemonikos ID: a284e9aac5222f4d096487be3cb60e0d811a8a6d
First added on: Mar 02, 2014